Antipodes
Scénario : David B.
Dessins : Eric Lambé
Casterman
Une histoire dans l’Histoire, une fable bien singulière
1557, au fin fond de la jungle brésilienne dans la baie de Rio, Nicolas prisonnier des Tupinambas a su se faire accepter parmi ses ravisseurs grâce à ses talents de chanteur, et finalement ne pas être mangé contrairement au Portugais capturé quelques semaines plus tôt. Flanqué de Pépin, son épouse donnée par le chef, Nicolas découvre et adopte les coutumes de ce peuple qui l’a adopté comme celle de vivre nu.
Ces échanges, des plus fructueux, entre lui et les Tupinambas ne l’incite guère à retrouver Fort-Coligny et la mission française d’évangélisation dont il avait été arraché mais plutôt à continuer de découvrir et partager avec eux leurs modes de vie respectifs au grand dam de la mission qui considère que sa place n’est pas au milieu de ce peuple.
À partir de faits réels, l’auteur David B. tisse une trame intéressante sur les relations entre les peuples colonisateurs et les autochtones en revenant sur les préjugés de chacun sur la manière de vivre, les uns et les autres étant convaincus qu’ils détiennent la vérité. L’approche de situer l’action au sein des Tupinambas s’avère judicieuse car cela permet de voir la manière dont la tribu perçoit la tentative de colonisation.
Le lecteur prendra plaisir à découvrir les échanges, sans préjugé, entre Nicolas et les Tupinambas au travers de dialogues particulièrement savoureux ainsi que l’importance de la musique, grâce au chant interprété par Nicolas qui ponctue le récit.
La mise en images s’avère plutôt réussie, le dessinateur Éric Lambé faisant la part belle aux corps dénudés des protagonistes afin d’en mettre en valeur la gestuelle dans les tâches quotidiennes ponctuées par la danse omniprésente tout au long du récit.