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Innovation 67, par Patrick Weber, Baudouin Deville (Anspach)

Innovation 67

Scénario : Patrick Weber
Dessins : Baudouin Deville
Couleurs : Bérengère Marquebreucq

Anspach

L'hypothèse...

A l’Innovation, le grand magasin de Bruxelles, les préparatifs de la Quinzaine américaine battent leur plein. Sur fond de contestations contre l’impérialisme américain et la présence des USA au Vietnam, survient une tragédie qui a marqué toute une nation. Après ses aventures africaines, Kathleen est devenue journaliste. En même temps témoin et actrice du drame, la femme amoureuse est confrontée à un terrible dilemme.

Avec le terrible bilan de 251 morts, l'incendie du grand magasin l'Innovation, à Bruxelles, survenu le 22 mai 1967, a durablement marqué les mémoires. Patrick Weber et Baudouin Deville ont choisi de le placer au centre de cette quatrième aventure de Kathleen, leur héroïne découverte dans Sourire 58. Même s'il s'agit à nouveau d'un récit indépendant et auto-conclusif, on peut logiquement y voir une suite (pas uniquement chronologique) de Léopoldville 60 puisqu'on y retrouve certains personnages de cet album et que les faits qui y sont décrits conditionnent, si l'on peut parler de cette manière, le rôle de Kathleen dans Innovation 67.

De manière assez surprenante, après deux planches décrivant un étrange carambolage, Patrick Weber choisit pratiquement de débuter son récit à Paris, avec les retrouvailles entre Kathleen et son amie Monique. Mais comme on le découvre en cours de lecture, l'auteur, sous une fausse apparence de légèreté, met progressivement en place les éléments d'une intrigue aux allures de thriller, exploitant l'une des hypothèses émises à l'époque quant à la cause de l'incendie. Cette dimension de récit à suspense est d'ailleurs davantage présente que dans les albums précédents. L'auteur donne à certains des protagonistes des personnalités et rôles ambigüs qui font (agréablement) douter le lecteur jusqu'à la conclusion. 

Entretemps le drame survient et tout en y insérant leur fiction, Patrick Weber et Baudouin Deville retracent précisément son déroulement. En effet,comme ses prédécesseurs, Innovation 67 est solidement documenté, et les auteurs parviennent à restituer l'ampleur de la catastrophe comme l'importance -toute relative comparée à cette dernière- de l'événement commercial qui s'y déroulait.

La ligne claire précise et élégante de Baudouin Deville participe évidemment au charme rétro de la série.

Elle n'est pas prise en défaut dans ce quatrième opus et hormis les décors, les véhicules et les vêtements, quelques gros plan sur des objets estampillés 60's (micro, radio, téléphone, magnétophone...) contribuent à nous replonger aisément en cette période pas si lointaine.

La mise en lumières de la coloriste Bérengère Marquebreucq apporte également sa pierre à un album qui confirme encore l'intérêt et la qualité de cette série. Des couleurs qui permettent notamment de maintenir la lisibilité des planches consacrées à l'incendie. Mention spéciale à l'illustration de couverture avec, parmi ses détails, sur une façade, une horloge indiquant l'heure de la catastrophe.

Et nous voici curieux de découvrir sur quel événement de l'histoire récente de Belgique sera basée la prochaine aventure de Kathleen...

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Pierre Burssens

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29/11/2021