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Bootblack - Tome 2/2, par Mikaël (Dargaud)

Bootblack

Tome 2/2

Scénario, dessins et couleurs : Mikaël

Dargaud

Souvenirs cruels

Allemagne, 1945. Les troupes américaines traquent les derniers soldats ennemis. Dans les rangs US, un homme n'a pas fait le deuil de son passé. Ancien cireur de chaussures sur les trottoirs de New York, un Bootblack, il est né sous le nom d'Altenberg, mais il préfère qu'on l'appelle Al Chrysler.  Pour oublier l'horreur de la guerre, Al se refugie dans ses souvenirs, à l'époque où il n'était qu'un gamin des rues de Manhattan.  Avant de s'engager, il a passé dix années en prison. Aujourd'hui, il a 25 ans. La femme de sa vie, Maggie, n'est plus qu'un reflet dans sa mémoire. Tous ses copains sont morts. Tous, sauf un, Diddle Joe, qu'il revoit sur le front... 

Jamais, sans doute, le petit cireur de chaussures de Manhattan n'aurait pu imaginer le destin qui allait être le sien. Comme dans le premier volet de Bootblack, Mikaël utilise les souvenirs de Al, distillés au gré de longs flas-backs, pour structurer son récit. Malgré l'itinéraire tortueux du personnage, celui-ci dégage un tenace parfum de nostalgie...et de regrets. L'histoire de Al, ce sont des rendez-vous manqués avec un chemin qui aurait sans doute pu être tout autre. Mais c'est la vie, et jusqu'à la dernière page de ce diptyque, on se dit qu'elle aura su se montrer cruelle avec le jeune homme. Même si l'époque est différrente, la construction comme les sensations ressenties à la lecture et en refermant cet album nous ont quelque peu rappelé les impressions et sentiments laissés par le film de Sergio Leone Il était une fois en Amérique. Il existe tout de même de pires références !

Mikaël complète donc, après Giant, son deuxième diptyque consacré à New York. Et même si, dans ce cas précis une bonne partie de l'action se déroule en Europe, la ville y est un personnage à part entière avec tout son contexte et ce qu'il induit dans l'histoire et les comportements et choix des personnages. 

Graphiquement, on sent que chaque case, chaque cadrage est étudié tant d'un point de vue esthétique que dans un objectif d'efficacité narrative et ce tome semble encore davantage abouti que les précédents. L'auteur privilégie les grandes images qu'il laisse parfois complètement parler, économisant le texte et ménageant ainsi un équilibre avec des planches davantages dialoguées. Parfois, des images qui paraissent anodines, de petites scènes de rue viennent renforcer l'atmosphère du récit et attirent plus encore le lecteur au coeur de celui-ci.

Notre conclusion de la chronique du tome 1 de Giant évoquait un auteur à suivre de près. En quatre albums, Mikaël a affirmé son style, à la fois graphiquement et narrativement. Et on se demande déjà quel personnage et quelle approche choisira-t-il pour son troisième récit new-yorkais. Une réussite.

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Pierre Burssens

Du même auteur :

Giant - T1/2, par Mikaël Giant - T2/2, par Mikaël

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Pour en savoir plus : Le site de Mikaël

21/09/2020