Le lion de Judah

Tome 1/3 : Livre 1

Scénario : Stephen Desberg
Dessins : Hugues Labiano
Couleurs : Jérôme Maffre

Dargaud

Wallace

Dans les années 1920, au Kenya puis en Éthiopie, John Wallace, un colon anglais suspecté du meurtre de deux africains est arrêté. Envoyé dans une prison dans laquelle il est soumis au travail forcé, il survit dans des conditions éprouvantes avant de réussir à s'échapper. Une mystérieuse femme noire part à sa poursuite, le traquant sans relâche : elle seule sait qui est réellement Wallace et d'où lui vient cette force digne d'un lion ! Leur antagonisme cache en fait un terrible secret et la même volonté de liberté et d'absolu qui les entrainera au fin fond de l'Afrique.

Après un prequel en forme de dyptique à L'étoile du désert, Hugues Labiano et Stephen Desberg nous entraînent cette fois dans d'autres grands espaces, ceux de l'Afrique coloniale dans les années 20'. A plus d'un titre, l'aventure est au menu, mais si Stephen Desberg emploie des ingrédients classiques, il les accommode de manière très actuelle. Et cela fonctionne. En effet, dès les premières planches de ce Livre 1 du Lion de Judah, le lecteur est captivé. Les paysages africains sont dépaysants, mais surtout, le mystère qui se précise en cours de lecture autour de John Wallace donne vraiment envie d'en savoir plus. Qui est vraiment ce personnage ? Et qui est l'étrange Naïsha, lancée à sa recherche et visiblement prête à tout pour le retrouver ?

Les auteurs développent autour de ces deux protagonistes une sacrée galerie de portraits de colons qui n'ont souvent de blanc que la peau (notamment les codétenus de Wallace) et le scénariste imprime à certaines séquences une tension digne d'un thriller. En fin d'album, le récit emprunte un virage vers une nouvelle piste et de futurs développements...

Hugues Labiano, qui évoque en dédicace nombres d'auteurs de romans d'aventures et...Hugo Pratt, prend visiblement plaisir à ce nouveau projet. Le dessinateur conjugue un dessin réaliste efficace et élégant, aux encrages appuyés, à un découpage très cinématographique. Et de ce côté, on a droit à une super-production tant du côté des décors que de la distribution. Les couleurs de Jérôme Maffre restituent la lumière et la chaleur de l'Afrique, rendant à leur manière plus âpre encore la quête -ou la destinée- de John Wallace.

Le lion de Judah est annoncé par l'éditeur comme une trilogie, et ce premier album donne  sans aucun doute des raisons de s'impatienter en attendant la suite. Une bonne surprise de ce début 2020 !