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La fin du monde en trinquant, par Jean-Paul Krassinsky (Casterman)

La fin du monde en trinquant

Scénario, dessins et couleurs : Jean-Paul Krassinsky

Casterman

Qui vivra, verrat !

Mais que diable allait-il faire dans cette galère, le cochon Nikita Petrovitch astronome de profession affublé d’Yvan le chien, son crétin d’assistant ? Nous sommes en janvier 1774 au fin fond de la Sibérie où les deux compères d’infortune sont chargés d’alerter la population locale de l’écrasement imminent d’une météorite sur leur terre. Seulement, les rustres et soudards qui les détroussent sont à des années-lumière de les croire et ils n’ont qu’une seule idée en tête, envoyer un émissaire auprès de l’impératrice, la Grande Catherine, pour obtenir une rançon.

Dans l’attente du retour de l’estafette, les deux prisonniers tenteront d’amadouer leurs geôliers afin d’obtenir une séquestration plus douce. Ainsi, Yvan s’entiche d’une jeune renarde pas farouche avec qui il envisage de s’évader. Quand à Nikita, il se morfond à tenter de convaincre la bande de brigands du bien fondé de sa venue dans ces austères contrées.

L’émissaire reviendra-t-il avec des espèces sonnantes et trébuchantes ? La comète finira-t-elle par tomber et anéantir toute la population ? L’auteur complet Jean-Paul Krassinsky réussit là une belle fable animalière, inspirée de l’improbable tandem que constituent Bourvil et Louis de Funès dans La grande vadrouille, le benêt et l’intellectuel qui vont devoir cohabiter coûte que coûte et finalement s’entraider même s’ils n’ont aucune estime l’un pour l’autre. La fatuité du jeune sot et la suffisance de l’intellectuel, confrontés à une population de rustauds aux premiers abords, ne finiront-elles pas par devenir un atout ? Avec un scénario bien construit et des dialogues drôles, le lecteur va découvrir toute la cruauté et la bêtise réunies dans un vaudeville de haute lignée.

Le dessin est à l’image du scénario, aussi bon ! Les animaux sont croqués avec délice et les expressions et mimiques de chacun sont un vrai régal ; la fine aquarelle complète merveilleusement le tableau. Un must, à lire instamment !

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Bernard Launois

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