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Le dernier des étés, par Alfonso Casas (Paquet)

Le dernier des étés

Scénario, dessins et couleurs : Alfonso Casas

Paquet

La nostalgie, camarade...

Parfois le passé laisse des histoires inachevées, des problèmes à résoudre, des questions qui poursuivent notre avenir... C'est le cas pour Dani, le narrateur de cette histoire. Juste avant de se marier, sous prétexte d'un projet photographique sur le passage du temps, Dani se rend dans la ville côtière où il passait l'été durant son enfance. Un lieu qu'il n'a pas foulé depuis vingt ans et qui lui rappelle l'importance qu'il a joué dans sa vieUn voyage physique, mais surtout intérieur, que Dani entreprend pour tenter de répondre à cette question qui le hante :  Et si... ? 

Avec ce joli roman graphique, Paquet nous fait découvrir en français un album d'Alfonso Casas initialement publié en Espagne en 2017. Illustrateur professionnel en publicité, l'auteur a récemment signé une biographie en images de Freddie Mercury. Le dernier des étés nous invite à suivre Dani dans un voyage dans le passé, baigné de nostalgie. Dani se rend dans la station de vacances où il passait ses étés pendant son enfance, où il a pris ses premières photos, et surtout connu une amitié exceptionnelle et exclusive avec un autre garçon de son âge. Une amitié mise en péril, à l'adolescence, par la présence de Maria, source de jalousie pour Poil de carotte, l'ami de Dani. Au cours de cette sorte de pélerinage sur les traces de son enfance, Dani veut retrouver les endroits correspondant à ses premières photos, et les rephotographier 20 ans après. Mais il veut surtout retrouver les traces de son ami. Entre ses souvenirs de jeunesse embellis, idéalisés peut-être, et la réalité d'aujourd'hui, beaucoup de choses ont changé.

Passé un petit temps d'adaptation au dessin semi-réaliste d'Alfonso Casas et surtout à ses personnages aux oreilles démesurées, on participe aisément à cette balade nostalgique, un rien mélancolique, en se disant que parfois, les sensations évoquées par l'auteur, on les a déjà vécues. Les différences qu'il évoque entre hier et aujourd'hui, et auxquelles est confronté Dani, sont finalement les différences entre les yeux d'un enfant et un regard adulte dans lequel se sont perdues certaines illusions.

On peut également y trouver une réflexion sur la capacité de la photographie à immortaliser un instant, ô combien fugitif, en une image durable. Une indication du temps qui passe, tout au long de cet album de 150 pages, outre le changement physique des personnages,  consiste d'ailleurs en l'évolution des appareils utilisés par Dani.

Le récit se développe lentement, tout en délicatesse, sur un ton légèrement doux-amer, et son atmosphère et sa thématique ne sont pas sans rappeler certaines oeuvres de Jirô Taniguchi. Au-delà d'une expression BD traditionnelle , Alfonso Casas renforce le ressenti du lecteur en utilisant certains dessins imprimés sur calque, comme autant de passages entre passé et présent. Un artifice également présent sur la couverture de l'album présenté sous jaquette transparente. Autant d'éléments qui contribuent à un agréable moment de réflexion autour des souvenirs de son personnage principal...comme autour des nôtres.

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Pierre Burssens

Pour en savoir plus : Le site d'Alfonso Casas

15/04/2019