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Route 66 - Tome 1, par Georges Abolin (Bamboo édition)

Route 66

Tome 1

Scénario et dessins : Georges Abolin
Couleurs : Laurence Croix, Richard Després

Bamboo édition

Gaz Vegas

1977. Depuis la mort de sa femme, Michel s’enfonce peu à peu et végète dans sa station essence du périphérique. Mais lorsqu’il oublie de fêter les 18 ans de sa fille Fanny, et qu’elle décide de fuguer direction les États-Unis, c’est le déclic. Michel part à Chicago, avec son pote Gérard, retrouver son cousin Aldo. Ensemble, ils parcourent à moto la mythique route 66 à la recherche de Fanny.

Les éditions Bamboo se sont imposées auprès du grand public grâce à leurs nombreuses séries axées sur le gag et consacrées à une profession ou une passion. Ce cap est toujours conservé aujourd'hui, à côté d'une riche diversification, et on pouvait légitimement attendre que Route 66 corresponde simplement à ce cahier de charges. Pourtant, Georges Abolin aborde l'univers motard différemment dans sa nouvelle série. Certes, l'humour est au rendez-vous, Gaz ! semble être le mot d'ordre de certains protagonistes et les gamelles ne manquent pas, mais Route 66 apporte un agréable petit plus à un genre déjà bien balisé.

Ce premier tome s'il est parsemé de gags, nous offre en effet un joli fil conducteur, avec la recherche de Michel, papa veuf et dépressif, sur les traces de sa fille qui s'est offerte une fugue -assez exceptionnelle, il est vrai- sur la mythique Route 66. L'occasion pour le lecteur de voir la métamorphose d'un personnage central (aux airs du Coluche de Tchao Pantin !) obligé de mettre ses idées noires entre parenthèses, et de parcourir en sa compagnie et celle de ses amis nombre d'images (de clichés, diront certains !) indissociablement liée à une Amérique alors idéalisée. Elvis, Star Wars, les communautés hippies, James Dean et d'autres sont ainsi au rendez-vous. 

L'auteur glisse également, dans ses dialogues, quelques réflexions en prise sur l'époque, qui forcent un sourire (parfois crispé) quand on voit la tournure prise par certains de leur sujets 40 ans plus tard...  Et surtout, vu le moteur (!) de son récit, on a même droit à quelques passages sensibles et émouvants. Abolin porte tout ce petit monde en images d'un dessin humoristique "gros nez" plaisant et soigné, susceptible de plaire autant aux amoureux de l'école de Marcinelle qu'aux amateurs de Titeuf.  Plutôt qu'un énième road-movie motard à l'américaine, Route 66 met la poignée dans le coin...avec une certaine délicatesse. Plaisant !

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Pierre Burssens
22/03/2019