Le Maître chocolatier

Tome 1 : La boutique

Scénario : Eric Corbeyran & Bénédicte Gaurdon
Dessins : Denis Chetville
Couleurs : MIKL

Le Lombard

Passion chocolat

Alexis Carret travaille pour un grand chocolatier belge traditionnel, installé dans la prestigieuse Galerie de la Reine à Bruxelles. Sa maîtrise technique et son palais délicat en font un atout pour son employeur.  Mais le destin d'Alexis va basculer au cours d'une soirée organisée par son amie Clémence. Il y rencontre Benjamin Crespin, un self-made man au sourire ravageur. Benjamin lui propose de tout laisser tomber et de devenir son propre patron. Les deux hommes s'associent et créent leur propre boutique. 

Après s'être intéressé aux grands crus avec Châteaux Bordeaux, c'est vers l'univers du chocolat et des chocolatiers que se tourne Eric Corbeyran (avec Bénédicte Gourdon) avec le triptyque du Maître chocolatier. Ce premier volet, La boutiq!ue nous décrit les balbutiements d'Alexis Carret, ouvrier exceptionnel en chocolaterie, et les débuts de son ascension et de son succès. Une progression que l'on devine plombée par la présence de Benjamin, qui derrière une façade lisse et ses allures de wonder boy, est  endetté et menacé par des individus peu recommandables.

La trame de l'histoire, enrichie de facettes familiales et sentimentales, est relativement classique, mais son atout est, justement, de nous faire découvrir, au gré de différentes séquences, divers aspects du travail et de l'art du chocolat. Quelques pages documentaires, en fin d'album, y apportent des précisions. Les auteurs ont la bonne idée de situer l'action dans des lieux précis de Bruxelles, épinglant au passage l'excellente renommée du chocolat belge. Un choix qui leur permet aussi d'inscrire plus encore leur récit dans la réalité et qui fournit à Denis Chetville un excellent prétexte pour nous reconstruire avec talent de très beaux et prestigieux décors. On appréciera au passage les clins d'oeil à Hergé et à deux aventures de Tintin sur le marché de la place du Jeu de Balle.

Quelques scènes semblent parfois un rien diluées, mais Le maître chocolatier ne joue pas non plus dans la catégorie des thrillers décoiffants. De plus, ces dernières permettent d'apprécier l'humanité, parfois la fragilité, des personnages. Le dessin réaliste est classique et répond aisément au scénario, même quand il s'agit de mettre en scène une jolie Manon, sourde et qui communique par signes. La boutique se visite fort agréablement et se révèle en tous cas suffisamment séduisante pour éveiller la gourmandise d'en d'écouvrir la suite.