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Le tailleur de pierre, par Olivier Bocquet d'après Camilla Läckberg, Léonie Bischoff (Casterman)

Le tailleur de pierre

Scénario : Olivier Bocquet d'après Camilla Läckberg
Dessins : Léonie Bischoff

Casterman

Cendres

À Fjällbacka, il n’y a pas de rideaux aux fenêtres. Ce n’est pas qu’il n’y ait rien à cacher : c’est que tout le monde regarde ailleurs. Ce qui permet à certains secrets de rester enterrés pendant des décennies. Mais quand ils refont surface, personne n’en sort indemne. Personne. Une nouvelle enquête de Patrik Hedström et Erica Falck, d’après les best-sellers de Camilla Läckberg.
 
Il aura fallu trois ans pour voir enfin paraître cette troisième adaptation d'un roman de Camilla Läckberg, grande dame du polar suédois. Mais que ceux qui ont apprécié La princesse des glaces et Le prédicateur se rassurent, cette attente est récompensée. En effet, on tient ici, sans conteste, le plus aboutides albums signés par Olivier Bocquet et Léonie Bischoff. 
 
A nouveau, le passé influence le présent de Fjällbacka. Après la désormais traditionnelle "auto-présentation" des acteurs de l'intrigue, une longue séquence (près d'un tiers de l'album !) nous amène à suivre l'histoire du tailleur de pierre et surtout de sa compagne, Agnès Sternkvist, de 1923 à 1946. D'une manière assez abrupte, nous nous retrouvons ensuite en 2003, alors que le corps d'une petite fille, vraisemblablement assassinée, vient d'être découvert. Patrick Hedström est chargé de l'enquête alors qu'Erica Falck, jeune maman, semble jouer cette fois un rôle moins important. Peu à peu, cependant, l'histoire touche personnellement Patrick et Erica, l'enquête met en effet en cause des proches de ceux-ci, dans une atmosphère particulièrement sordide.
 
Alors que l'intrigue, au déroulement lent, laisse peu de place à l'action, le scénario d'Olivier Bocquet parvient à capter l'attention du lecteur de la première à la dernière page. Quel impact aura, de nos jours, le long flas-back présenté en début d'album ? Quelle est sa signification ? Et alors que les enquêteurs (et le lecteur !) sont confrontés à des coupables tout désignés, c'est sur une toute autre piste que nous entraîne l'histoire du Tailleur de pierre. La psychologie des personnages est soignée,  le contexte est sombre,  mais sa description et celle des protagonistes démontre aussi beaucoup de sensibilité.
 
Le dessin de Léonie Bischoff a évolué progressivement au cours de ces trois tomes, et il semble ici avoir atteint toute sa maturité. La dessinatrice combien efficacité et délicatesse, et son travail sur les expressions des personnages arrive ainsi à rendre certaines cases dénuées de texte particulièrement "parlantes". Le découpage ménage également quelques trouvailles graphiques. Six coloristes différents ont travaillé sur Le tailleur de pierre. Chaque séquence, ou presque, possède ainsi sa propre ambiance, l'ensemble conserve cependant une belle homogénéité.
 
Le tailleur de pierre s'impose ainsi comme le meilleur tome de cette trop courte série, et porte à regretter que seulement trois adaptations des romans de Camilla Läckberg aient été prévues, alors que la série de livres consacrée à Erica Falck et Patrick Hedström compte aujourd'hui une dizaine de volumes.
 
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Pierre Burssens
20/06/2018