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La petite souriante, par Zidrou, Benoît Springer (Dupuis)

La petite souriante

Scénario : Zidrou
Dessins : Benoît Springer
Couleurs : Benoît Springer et Séverine Lambour

Dupuis

Définitif ?

Josep Pla, dit Pep, est éleveur d'autruches dans une exploitation isolée. Une nuit, après treize ans d'un abominable mariage, il massacre sa femme avant de balancer son corps au fond d'un puits et de se débarrasser des traces. Enfin, il va pouvoir se la couler douce avec Isabela, sa belle-fille pourrie par la haine, qui rêvait de ce meurtre comme d'autres rêvent de leurs fiançailles.
Sauf que...  De retour chez lui, soulagé de son devoir accompli, Pep ne s'attendait pas à y être accueilli... par son épouse. Laide et bien vivante, et toujours aussi insupportable !

Noir c'est noir, et Pep perd tout espoir ! Avec La petite souriante, Zidrou et Benoît Springer signent un véritable ovni dans le catalogue des éditions Dupuis. Cruel, violent et cynique, le récit de Zidrou est pourtant aussi porteur d'un humour très, très, très noir. L'histoire de La petite souriante évoque même, par sa construction, sa brièveté et son efficacité, certaines nouvelles des lointains et beaux débuts d'un Stephen King.

Quand Pep tue son épouse - une première fois - en lui fracassant le crâne à coups de masse (on vous avait prévenus !), le lecteur pense avoir tout vu. Or on n'en est qu'aux premières pages, et tout, dans les suivantes, va aller de mal en pis ! On peut voir un monstre en Pep, mais on rencontre pire avec Isabela, sa belle-fille. Pourtant on garde un sourire crispé face à un Pep de plus en plus dépassé. Ainsi, la visite de son autrucherie par un groupe de petits vieux d'une maison de retraite, notamment, vaut son pesant de clous... Zidrou ne situe pas son action géographiquement, mais une lettre presque effacée sur l'enseigne d'une station-service pourrait constituer un indice pour le lecteur et une évidence pour le personnage principal.


Vous êtes prévenus !

Benoît Springer traduit l'intensité et la brutalité du récit via un découpage et un dessin diablement efficaces. Les expressions des personnages sont poussées à leur paroxysme et de surprenants choix de couleurs renforcent l'atmosphère mortellement délirante de La petite souriante. Un titre certes énigmatique mais dont les origines et...la noirceur se dévoilent dans le cahier graphique d'une quinzaine de pages présent en fin d'album.

Mention spéciale pour la présentation du bouquin, de petit format et dont la couverture figure un cahier faussement vieilli grâce à des artifices graphiques et l'utilisation de vernis spéciaux lors de l'impression. Le lecteur ne sort pas indemne de cette lecture, mais il le fait avec un sourire grinçant. Les protagonistes euh...non plus !

On en voit de drôles de choses, parfois, dans une vie d'autruche...
 

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Pierre Burssens
19/02/2018