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La Religion - Tome 2 : Orlandu, par Benjamin Legrand d'après Tim Willocks, Luc Jacamon (Casterman)

La Religion

Tome 2 : Orlandu

Scénario : Benjamin Legrand d'après Tim Willocks
Dessins et couleurs : Luc Jacamon

Casterman

Un requiem du diable

Arrivés à Malte sur le dernier bateau à forcer le blocus, Tannhauser, Carla, Bors et Amparo sont désormais pris au piège. La grande armada de Soliman s’est déployée sur l’île et les premiers combats font rage. Repliés dans leurs places fortes, les chevaliers de l’Ordre, en sous-nombre défendent pied à pied chacun de leurs avant-postes, comme le Fort St-Elme. Il leur faut tenir, le plus longtemps possible, sous les assauts répétés, sous les pluies de feux, et tenter malgré tout de contenir la rage de l’ennemi. Au cœur de l’enfer Mattias redouble de ruse et de vaillance pour mener à bien l’ensemble de ses missions : infiltrer le front turc, combattre aux côtés de Bors, mais surtout retrouver le fils de Carla et planifier leur évasion.

Benjamin Legrand et Luc Jacamon poursuivent leur adaptation en BD  du roman à succès de Tim Willocks avec ce deuxième tome d'une série qui devrait en compter quatre. 1565, Malte est assiégé et les chevaliers de l'ordre des Hospitaliers, aussi appelés La Religion résistent avec l'énergie du désespoir face à des forces ottomanes 5 fois plus nombreuses. Au sein de ce chaos, Mattias Tannhauser se lance à la recherche du fils de Carla.

Orlandu nous plonge directement au coeur de l'action, et on n'a guère le temps de souffler tout au long des 80 pages que compte l'album. La tension est permanente, les combats dominent et pourtant Mattias poursuit son chemin à travers la violence et les explosions. Et de la violence, cet album n'en manque pas. Le mysticisme se mue rapidement en fanatisme, et ce dans les deux camps qui s'affrontent. Pourtant les auteurs parviennent à instaurer quelques parenthèses plus calmes, "humaines" ou même un brin poétiques, quand ils nous font suivre la destinée de leurs personnages principaux plutôt que celle de deux armées en guerre.

Après Cyclopes et surtout le Tueur (tous deux scénarisés par Matz), on ne s'attendait pas forcément à retrouver Luc Jacamon dans une série historique. Le dessinateur affine son trait et tourne le dos à la relative froideur du Tueur pour signer ici un album à grand spectacle.

Batailles, mouvements de troupes, vastes décors...le dessin de Jacamon s'accorde au souffle et à l'ampleur du roman de Tim Willocks, allant jusqu'à se décliner sur deux doubles pages muettes mais particulièrement impressionnantes restituant la violence et...l'horreur des combats. On gardera par contre une certaine réserve quant au choix des couleurs, qui nuit parfois à la lisibilité de certaines planches.

Le contexte impitoyable et la violence omniprésente dans Orlandu rebuteront peut-être certains lecteurs, mais le cheminement de Mattias et de ses compagnons en accrocheront beaucoup d'autres, curieux d'en connaître la suite. Cette adaptation en BD de La Religion retiendra l'attention de ceux qui ont aimé le roman, et plus largement de tous les amateurs d'histoire et d'aventure médiévale. Impressionnant.


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Pierre Burssens

Du même scénariste :

, par Benjamin Legrand, Jacques TardiLe Transperceneige: , par Jacques Lob puis Benjamin Legrand, Jean-Marc Rochette

Du même dessinateur :

Le Tueur - T11: , par Matz, Luc JacamonLe Tueur - T12: La Main qui nourrit, par Matz, Luc JacamonLe Tueur - T13: Lignes de fuite, par Matz, Luc Jacamon
15/02/2018