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Chevalier Brayard, par Zidrou, Porcel (Dargaud)

Chevalier Brayard

Scénario : Zidrou
Dessins et couleurs : Porcel

Dargaud

La ballade de Brayard

Le seigneur Brayard s'en revient de croisade, accompagné du jeune moine Rignomer. Sur leur chemin, ils croisent la route d'une adolescente, la princesse Hadiyatallah, qui se révèle être une otage en fuite. Brayard n'hésite pas un seul instant : il décide d'escorter la princesse en Orient pour la rendre à son père en échange d'une rançon, et entraîne Rignomer dans l'aventure. C'est le début d'un voyage qui s'annonce particulièrement rocambolesque...

Un peu plus d'un an après le conte cruel Bouffon (Dargaud), Zidrou et Francis Porcel nous convient à une autre incursion dans le moyen-âge. Cette fois, l'humour domine. Zidrou campe des personnages caractéristiques de l'époque, un chevalier, un jeune moine...mais en accentue les caractères pour leur offrir une forme de démesure caricaturale. Brayard est un colosse paillard qui semble invincible. Le moinillon Rignomer se veut une exemple de Foi chrétienne mais ne recule pas devant quelques petits arrangements avec le Bon Dieu, ni surtout avec Sainte Bertrude, patronne de sa congrégation. Apparaît alors Hadiyattalah, renommée par certains Adèle, supposée princesse et surtout dotée d'un solide caractère. Les personnages secondaires qui émaillent les 80 pages de cette aventure ne sont pas en reste.

Le scénario de Zidrou se déroule tel un buddy-movie médiéval. A son retour sur ses terres, Brayard profite de la première occasion pour repartir à l'aventure, soit pour reconduire Hadiyattalah auprès de son père. Une gamine auquel ce colosse au coeur tendre sous sa cotte de mailles, va peu à peu s'attacher, plus qu'à ses enfants dans lesquels il voit un salsifis anémique, une blette illuminée, un navet couard et un topinambour écervelé. Une description à l'aune des dialogues avec lesquels le scénariste joue, s'amuse et nous amuse

A cheval entre l'humour et le réalisme, on pourrait voir dans ce Chevalier Brayard une synthèse du savoir-faire d'un scénariste protéiforme. Pourtant, si on prend la route des croisades le sourire aux lèvres, l'émotion n'est pas absente à la fin du voyage. De même, Zidrou ne se prive pas d'écorcher au passage certaines attitudes ou systèmes qui peuvent trouver résonance chez le lecteur contemporain.

Par rapport au précédent opus du duo, Fancis Porcel adoucit son encrage et accorde bien plus de lumière à l'"hénaurme" Brayard qu'au sombre Bouffon. Le dessinateur donne vie à d'étonnantes trognes, et accentue lui aussi, dans son trait, la caricature. Parfois trop peut-être, comme dans les quelques planches de l'affrontement final avec les Croisés qu'il semble moins bien maîtriser.

Cocktail improbable, Chevalier Brayard se savoure très agréablement. Et si le temps des croisades a été maintes et maintes fois traité en BD, les auteurs lui confèrent ici une approche aussi amusante qu'originale !

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Pierre Burssens

Du même scénariste :

Will - T1: Roulez, jeunesse !, par Zidrou, David Evrard Natures Mortes, par Zidrou, Oriol  - T3: , par Zidrou, Jordi Lafebre Shi - T1: , par Zidrou,

Aussi sur le site :

Pour en savoir plus : El Baúl del mono - le blog (espagnol) de Francis Porcel

18/09/2017