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Presque Jamais, par Tommasco Valsecchi, Francesco Castelli (Kramiek)

Presque Jamais

Scénario : Tommasco Valsecchi
Dessins : Francesco Castelli
Couleurs : Valentina Grassini

Kramiek

Entrez dans le rêve...

Un jeune homme raconte à sa grand-mère le rêve qu’il fait inlassablement : il est seul sur une barque à la dérive dans un fleuve. Le courant est fort, il n’a pas de rames, ne sait pas nager, et s’approche de plus en plus d’une tempête. Cette fois, alors qu’il se laisse porter par la barque, un oiseau y tombe, blessé. L'homme le prend sous son aile, discute avec lui, tente à plusieurs reprises de rejoindre la rive pour les sauver tous les deux - en vain. Son rêve est long, angoissant et pourtant très douxMais est-ce seulement un rêve ?

C'est un trio d'auteurs italiens issus du domaine du livre jeunesse qui signe cet album étonnant. En effet, le scénario nous fait vivre le rêve du personnage central et partager ses déboires, le long d'une navigation hasardeuse sur un fleuve sans nom. L'arrivée à bord d'un oiseau blessé va créer le dialogue et, à partir de là, donner l'envie au lecteur de comprendre et d'interpréter la symbolique mise en place dans ce conte très particulier. Dans les dernières pages, on revient à un univers réaliste. Une rupture y est évoquée, mais également un virage, un tournant de la vie pour ce personnage, cette fois réveillé, qui va se reconstruire ailleurs.

On en sait certes un peu plus, pais peut-être pas assez pour être sûr d'avoir tout compris. Mais est-ce vraiment important ? Ne dit-on pas que le chemin parcouru pour atteindre un objectif est souvent plius important que l'objectif en lui-même ? Dans ce cas, on aura eu le plaisir de s'être laissé embarquer (littéralement) sur ce cous d'eau rêvé, d'avoir partagé des interrogations et des souvenirs, de s'être laissé bercer aussi par la poésie et l'onirisme de Presque Jamais. Et surtout de s'être régalé da sa très belle approche graphique. 

En effet, si le dessin de Francesco Castelli s'avère expressif et sympa, le travail effectué sur les couleurs par Valentina Grassini est, lui, réellement épatant. Des couleurs qui offrent à l'album son véritable caractère et en font, avant tout, un plaisir pour les yeux, à la limite du dessin et de la peinture. Certains passages, dans lesquels prédominent des tons de bleus, évoquent irrésistiblement le travail de Valérie Vernay sur La Mémoire de l'Eau (scén. Reynès - Dupuis), mais l'ensemble constitue assurément un album original, atypique...  D'autres BDs nous ont déjà dévoilé des univers oniriques, mais dans le genre Presque Jamais reste accessible à chacun et son réel charme graphique fait le reste.

Entrez dans le rêve, comme le chantait Gérard Manset...

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Pierre Burssens
11/08/2017