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Les Ombres de la Sierra Madre - Tome 1 : La Niña Bronca, par Philippe Nihoul, Daniel Brecht (Sandawe)

Les Ombres de la Sierra Madre

Tome 1 : La Niña Bronca

Scénario : Philippe Nihoul
Dessins et couleurs : Daniel Brecht

Sandawe

Tigresse

Traumatisé par la 1re guerre mondiale, Moroni Fenn, jeune mormon tourmenté, est envoyé au Mexique pour assurer la sécurité des colonies qui y sont implantées. En chemin, il sauve une petite Indienne exhibée comme un animal sauvage. Un geste qui va réveiller les fantômes de temps qu’on croyait révolus.

S'il est un genre qui semble ultra-balisé, c'est bien le western. Pourtant, certains auteurs s'y attachent et après être tombé en désuétude pendant quelques années, le western a effectué un beau retour en vogue ces derniers temps. Bonne surprise, l'originalité est souvent au rendez-vous. C'est à nouveau le cas pour ce premier épisode des Ombres de la Sierra Madre. Philippe Nihoul signe en effet un récit respectant les codes du genre, mais avec une approche particulière.

Bui, petite fille apache au destin tragique, en constitue le pivot. On retrouve autour d'elle des personnages typés, à commencer par Moroni Fenn, le "héros" de l'aventure, au passé tourmenté, envoyé en mission par les Mormons aux yeux desquels lui-même fait figure de renégat. Le scénariste conjugue les éléments classiques du western à une dimension relativement intimiste, avec une Niña Bronca ambigüe. Est-elle écartelée entre deux cultures, deux mondes, ou constitue-t-elle la clé qui peut les rapprocher ? 

L'auteur construit solidement son récit, et installe progressivement une atmosphère inquiétante vu la présence présumée des derniers Apaches rebelles dans la Sierra Madre. Une impression que renforcent les interventions répétées, tantôt comiques, tantôt sinistres, de l'excessif Merejido Grivalja.

On retrouve avec plaisir Daniel Brecht au dessin. Révélé par le diptyque Death Mountains (scén. Chr. Bec - Casterman), il démontre une fois de plus combien l'univers du western permet à son dessin de s'épanouir.  Son trait appelle aux références du genre, mais conserve une clarté et une lisibilité remarquables, renforcées par ses choix de couleurs.

L'album est complété d'un riche dossier (partiellement) historique, et d'une postface dans laquelle le scénariste explique sa passion pour les Apaches, ces "indiens sans plumes" que le général Crook surnommait les tigres à visage humain. Ce beau western ravira donc les amateurs, et sa suite, El Patio del Diablo, est d'ores et déjà proposée au financement sur le site de l'éditeur participatif Sandawe. Nul doute qu'elle rencontrera, comme ce premier volet, l'enthousiasme des édinautes.



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Pierre Burssens

Du même scénariste :

Snuff - T1: , par Philippe Nihoul, Xavier Lemmens

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Death Mountains - T1-2: Mary Graves / La Cannibale, par Christophe Bec, Daniel Brecht
24/07/2017