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Bunny, par Juliette Fournier et Jean-Gaël Deschard, Jean-Gaël Deschard  (EP)

Bunny

Scénario : Juliette Fournier et Jean-Gaël Deschard
Dessins et couleurs : Jean-Gaël Deschard

EP

Life is money !

Mio, 17 ans, débarque sur une île prison au règlement bien étrange ! Le seul moyen de s'en échapper, est de racheter sa liberté. Pour cela, deux solutions : travailler dans une usine pour un salaire de misère... ou devenir chasseur de primes ! En effet, il suffit de tuer une personne endettée pour que cette somme soit automatiquement déposée sur votre compte... Chasseur ou proie, quel sort attend la jeune Mio, parmi les marginaux et les criminels qui peuplent l'île ?... Terrifiante et prémonitoire, la vision d'une humanité pour qui l'argent est devenu la seule valeur, et où la vie humaine n'est plus qu'une marchandise.

Bunny était initialement prévu comme un diptyque. Son premier volet était sorti en février 2013 aux éditions Emmanuel Proust. Celles-ci, intégrées depuis au groupe Paquet sous le logo EP, nous proposent aujourd'hui une intégrale de cette aventure d'anticipation. L'album regroupe le contenu du tome 1 complété et retravaillé pour certaines planches, ainsi que le second volet, jusqu'ici inédit.

Jean-Gaël Deschard et Juliette Fournier signent une intrigue qui pousse à la réflexion, développant une sorte de caricature extrême de notre société matérialiste. Sur l'île sur laquelle se déroule l'histoire, les destas, monnaie locale, peuvent ouvrir toutes les portes, y compris celles de la liberté, ou au contraire les refermer à jamais ! Les bonnes idées ne manquent pas dans cette histoire qui évoque aussi indirectement certains romans de SF "post-apo" ou, par son contexte de huis-clos dans lequel tous les coups sont permis, certains jeux video.

Hélas, le dessin propre et soigné de l'auteur paraît fort doux par rapport aux arguments du récit, à sa noirceur et à sa cruauté. Le trait est léché, les couleurs sont lumineuses, et cela maintient une distance certaine entre le lecteur et ce qui est exposé. Le découpage semble, lui aussi, fort conventionnel. Difficile, donc, de s'attacher aux personnages, y compris à celui de Mia Templar, héroïne de cette aventure, et de partager leurs émotions. On aurait aimé davantage de punch et de mordant pour restituer pareille intrigue.

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Pierre Burssens

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Pour en savoir plus : le blog de Jean-Gaël Deschard

20/05/2016