Choc

Tome 2 : Les Fantômes de Knightgrave - deuxième partie

Scénario : Stéphan Colman
Dessins : Éric Maltaite
Couleurs : Lady C, Cerise et Éric Maltaite

Dupuis

Derrière le masque

Qui est cet homme dissimulant son visage sous un heaume de chevalier ? Se venger semble être le but d'une vie qu'il dit ne pas désirer. À quel jeu joue t-il ? Une enfance broyée dans un Londres sans lendemain.Trahisons, suspicions, abandons, disparitions... Choc incarne-t-il le mal absolu ou est-il l'une des pièces d'un jeu d'échecs où le Roi finit toujours par être Mat ?

La première partie de cette ambitieuse exploration des origines de l'ennemi emblématique de Tif et Tondu entreprise par Stéphan Colman et Éric Maltaite, avec la bénédiction de Maurice Rosy, avait fait forte impression lors de sa sortie voici deux ans, raflant au passage une belle série de récompenses, dont le prix du meilleur one-shot du festival du polar de Cognac. L'album pouvait sans conteste figurer dans une liste des événements BD de l'année. 

L'attente fut longue, mais la deuxième partie de ce récit sombre et violent ne déçoit aucunement. Au contraire, le scénario de Stéphan Colman semble encore avoir gagné en dynamisme, et si on ne s'ennuie à aucun moment à la lecture de ces 86 planches abondamment fournies, on savoure aussi, en toile de fond, la manière dont l'auteur met en place les différentes pièces de son puzzle qui aboutiront à l'image que l'on connaît - ou que l'on croit connaître - du chevalier du crime. On découvre ainsi, notamment, dans ce volume, l'origine de cette fameuse main blanche, signature du criminel casqué...

Le dessin d'Éric Maltaite ne connaît, lui non plus, aucune faiblesse. Au delà de l'aventure, il nous balade dans différentes époques particulièrement sombres de l'histoire anglaise, avec, avant-guerre, la montée du BUF, British

Union of Fascists, parti fondé en 1932, dont la popularité fut heureusement éphémère avant qu'il ne soit interdit en 1940. Scènes de foules urbaines, passages plus intimistes ou exotiques, aucune difficulté ne semble résister au trait du fils de Willy Maltaite (Will), qui va jusqu'à prêter les traits de Maurice Tillieux à l'un des truands intervenant au Brésil dans la séquence d'ouverture. Les amateurs de véhicules anciens se régaleront eux aussi des belles automobiles mises en scène.

Remarquable hommage, re-création d'un mythe, cette deuxième partie des Fantômes de Knightgrave tient toutes les promesses du premier volet, et, mieux, va encore plus loin. Et c'est avec énormément de plaisir que l'on découvre que ce projet, initialement prévu sous forme de diptyque, est appelé à se prolonger. De la très grande BD !