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Big K : L'intégrale, par Fabian Ptoma, Nicolas Duchêne (Sandawe)

Big K

L'intégrale

Scénario : Fabian Ptoma
Dessins : Nicolas Duchêne
Couleurs : Tanja Cinna

Sandawe

Ice man

En 30 ans de service pour la Mafia, Richard Kuklinski aurait exécuté environ 250 personnes, avec une absence totale d'émotions et de remords et suivant des méthodes parfois monstrueusement cruelles. C'est l'itinéraire sanglant de ce psychopathe au physique impressionnant (près de 2m) qui a inspiré Fabian Ptoma et Nicolas Duchêne pour créer Frank Kielowski, surnommé Big K et lui donner vie sur papier.

Les deux premiers tomes de ce qui était prévu comme un triptyque avaient initialement été publiés chez Casterman, mais le changement de direction et de politique éditoriale de la maison auraient pu laisser la série inachevée. Finalement, c'est chez l'éditeur participatif Sandawe que l'assassin professionnel a poursuivi ses méfaits, assez solidement décrits pour séduire 234 édinautes (éditeurs internautes) qui ont permis, non pas de publier le 3ème tome manquant, mais directement une intégrale particulièrement soignée disponible depuis peu en librairie.

Avec un tel sujet, faut-il préciser que les auteurs ne font pas dans la dentelle ? On plonge dans un univers noir, très noir, et particulièrement glauque. À l'image de Kuklinski, Big K tue et aime vraiment ça. Serial-killer devenu tueur à gages, Frank Kielowski conserve une image de bon père de famille malgré son job et ses pulsions, notamment guidées par l'avatar de son frère Jack, tué par leur propre père... Trafics en tous genres, industrie du porno, premiers pas du cartel colombien de la drogue de Pablo Escobar aux USA servent de contexte aux activités de ce "héros" pour le moins atypique, à côté duquel Le Tueur de Matz et Jacamon passerait presque pour un enfant de choeur.

Nicolas Duchêne taille les visages de ses personnages à la serpe, privilégie l'expressivité et offre à la série un traitement qui flirte parfois avec une ambiance fantastique, renforcée par la colorisation de Tanja Cinna. Il est vrai que l'horreur n'est jamais bien loin. Le dessinateur s'attache aussi à une belle restitution des années 70' (voitures, vêtements) et à des décors urbains qui participent à l'atmosphère poisseuse du récit.

Le contenu de chaque album constitue ici un chapitre d'une intégrale complétée par un intéressant dossier graphique, intégrale qui offre aussi le lien de téléchargement d'un "making-of" particulièrement copieux : scénario, crayonnés, recherches, notes, documents de travail... On ne pourra rester insensible à Big K, mais même pour les amateurs de "noir" sa lecture exigera un coeur et un estomac bien accrochés !

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Pierre Burssens
24/07/2015