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Les Souliers rouges - Tome 2/2 : L'Albinos, par Gérard Cousseau, Damien Cuvillier, collection Grand Angle (Bamboo)

Les Souliers rouges

Tome 2/2 : L'Albinos

Scénario : Gérard Cousseau
Dessins et couleurs : Damien Cuvillier

Bamboo, collection Grand Angle

Un dyptique saisissant et bouleversant !

Le premier tome des Souliers rouges nous faisait découvrir un coin tranquille de Bretagne. La Seconde Guerre mondiale n’était presque pas arrivée jusqu’à eux. Ce deuxième tome nous détrompera. En 48 pages, c’est toute l’humanité qui est retranscrite. « L’Histoire est écrite par les vainqueurs » disait Sir Winston Churchill. Si par le biais des souvenirs de son beau-père, Gérard Cousseau nous raconte la Seconde Guerre mondiale et la résistance, il « omet » d’écrire l’histoire. Il montre des faits. Jules ne pourra pas jouer au héros, Dauguier et son équipe sont la lie de l’humanité (même les Allemands les reprennent). Quant à Georges, il est ce clown moitié blanc-moitié auguste. Personnage central de l’histoire, tour à tour héros ou bouffon (quand il se moque de l’envahisseur).

Entre le premier tome et le second, il s’est écoulé 10 mois, mais les progrès de Damien Cuvillier sont visibles. Il est plus à l’aise avec le récit, ses couleurs sont naturelles. Certaines cases frisent avec le photo-réalisme. Mais ce qui marque dans ce tome, c’est l’humanité des auteurs. Si l’horreur doit être montrée, voir le sang et les tripes est à l’opposé de l’album. Par des procédés narratifs simples et (trop) efficaces, les cases prennent toutes leurs valeurs. C’est le souffle coupé qu’on assiste aux agissements de la soldatesque et de la milice. On voudrait aider mais « ce n’est qu’un livre ».

Le contraste entre le premier et le second album est saisissant. L’ambiance est ici lourde, poisseuse. Il semble que toute vie est partie. Heureusement, dans un dernier sursaut, les auteurs nous montrent un léger espoir. Avec Les Souliers rouges, on est loin de Fifi, gars du Maquis, on entre chez les gens, on vit l’horreur de la guerre et c’est les tripes nouées qu’on pense : plus jamais çà.

Si on affectionne les deux tomes, si les auteurs, par leurs techniques, ont créé un magnifique album, il est difficile d’aimer ce deuxième tome. La guerre c’est aussi tuer, torturer, les pulsions humaines les plus perverses qui remontent. Les auteurs ne font qu’effleurer cette violence et il ne faut pas la cacher.

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Hervé Beilvaire
11/04/2015