Carnation
Scénario et dessins : Xavier Mussat
Casterman
De l'art thérapeutique de se raconter
Comment réussir à vivre ? Comment se projeter dans l'avenir ? Comment vivre sa relation à l'autre ? Comment se projeter dans la relation à l'autre ? Comment dire sa relation à l'autre ? Tel est, en partie, le projet de Xavier Mussat dans Carnation.
Vaste autobiographie, Carnation détaille sentiments, sensations, sensibilités, sensibleries, rêves, projets, échecs, interro(né)gations de l'auteur, par ailleurs cocréateur des éditions Ego comme X avec Fabrice Néaux. Dans cet ouvrage ambitieux, il ouvre son esprit tel le médecin légiste ouvre, épluche, les cadavres passant entre ses mains. À cette différence que le légiste ne s'ausculte pas lui-même...
Reconnaissons-le d'emblée, cet album est, de prime abord, dérangeant, voire rebutant... qui s'éloigne au fur et à mesure de la prise de conscience de ce qu'est un « auteur ». Xavier Mussat crée au début un rapport un rien voyeuriste, rapidement évacué au profit d'une approche plus anthropologiste. Car c'est bien de cela dont il s'agit. Une autob(r)iographie qui parle tout à la fois de la difficulté comme de la joie de vivre, une introspection qui fait écho en chacune et chacun d'entre nous, puisque toutes et tous, hommes et femmes, nous interrogeons sur nous-mêmes, nous doutons. En un mot comme en cent, nous sommes, donc.
Surtout, Xavier Mussat questionne la relation à l'autre, celle qui naît subrepticement, puis grandit doucement, avant d'éclore en pleine lumière, s'essouffle, souffre, vibre, éclate, renaît tel le phénix de ses cendres, pour mourir à nouveau, et ainsi de suite, jusqu'à la neutralité, voire l'absence, de relation. Cette dernière donnera une nouvelle ouverture sur le monde. Ainsi va le monde.
Un bien bel ouvrage, qui (re)donne à réfléchir sur soi-même comme sur les relations aux autres, à l'autre.